Frédéric Bastiat
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Journal des Économistes, n° du 1er septembre 1848.
Quel spectacle profondément affligeant nous offre la France !
Il serait difficile de dire si l’anarchie a passé des idées aux faits ou des faits aux idées, mais il est certain qu’elle a tout envahi.
Le pauvre s’élève contre le riche ; le prolétariat contre la propriété ; le peuple contre la bourgeoisie ; le travail contre le capital ; l’agriculture contre l’industrie ; la campagne contre la ville ; la province contre la capitale ; le regnicole contre l’étranger.
Et les théoriciens surviennent, qui font un système de cet antagonisme. « Il est, disent-ils, le résultat fatal de la nature des choses, c’est-à-dire de la liberté. L’homme s’aime lui-même, et voilà d’où vient tout le mal, car puisqu’il s’aime, il tend vers son propre bien-être, — et il ne le peut trouver que dans le malheur de ses frères. Empêchons donc qu’il n’obéisse à ses tendances ; étouffons sa liberté ; changeons le cœur humain ; substituons un autre mobile à celui que Dieu y a placé ; inventons et dirigeons une société artificielle ! »
Quand on en est là, une carrière sans limites s’ouvre devant la logique ou l’imagination. Si l’on est doué d’un esprit dialecticien combiné avec une nature chagrine, on s’acharne dans l’analyse du mal ; on le dissèque, on le met au creuset, on lui demande son dernier mot, on remonte à ses causes, on le poursuit dans ses conséquences ; et comme, à raison de notre imperfection native, il n’est étranger à rien, il n’est rien qu’on ne dénigre. On ne montre la propriété, la famille, le capital, l’industrie, la concurrence, la liberté, l’intérêt personnel, que par un de leurs aspects, par le côté qui détruit ou qui blesse ; on fait, pour ainsi dire, contenir l’histoire naturelle de l’homme dans la clinique. On jette à Dieu le défi de concilier ce qu’on dit de sa bonté infinie avec l’existence du mal. On souille tout, on dégoûte de tout, on nie tout ; et l’on ne laisse pas cependant que d’obtenir un triste et dangereux succès auprès de ces classes que la souffrance n’incline que trop vers le désespoir.
Si, au contraire, on porte un cœur ouvert à la bienveillance, un esprit qui se complaise aux illusions, on s’élance vers la région des chimères. On rêve des Océana, des Atlantide, des Salente, des Spensonie, des Icarie, des Utopie, des Phalanstère ; on les peuple d’êtres dociles, aimants, dévoués, qui n’ont garde de faire jamais obstacle à la fantaisie du rêveur. Celui-ci s’installe complaisamment dans son rôle de Providence. Il arrange, il dispose, il fait les hommes à son gré ; rien ne l’arrête, jamais il ne rencontre de déceptions ; il ressemble à ce prédicateur romain qui, après avoir transformé son bonnet carré en Rousseau, réfutait chaleureusement le Contrat social, et triomphait d’avoir réduit son adversaire au silence. C’est ainsi que le réformateur fait briller aux yeux de ceux qui souffrent les séduisants tableaux d’une félicité idéale bien propre à dégoûter des rudes nécessités de la vie réelle.
Cependant il est rare que l’utopiste s’en tienne à ces innocentes chimères. Dès qu’il veut y entraîner l’humanité, il éprouve qu’elle n’est pas facile à se laisser transformer. Elle résiste, il s’aigrit. Pour la déterminer, il ne lui parle pas seulement du bonheur qu’elle refuse, il lui parle surtout des maux dont il prétend la délivrer. Il ne saurait en faire une peinture trop saisissante. Il s’habitue à charger sa palette, à renforcer ses couleurs. Il cherche le mal, dans la société actuelle, avec autant de passion qu’un autre en mettrait à y découvrir le bien. Il ne voit que souffrances, haillons, maigreur, inanition, douleurs, oppression. Il s’étonne, il s’irrite de ce que la société n’ait pas un sentiment assez vif de ses misères. Il ne néglige rien pour lui faire perdre son insensibilité, et, après avoir commencé par la bienveillance, lui aussi finit par la misanthropie [1].
À Dieu ne plaise que j’accuse ici la sincérité de qui que ce soit ! Mais en vérité, je ne puis m’expliquer que ces publicistes, qui voient un antagonisme radical au fond de l’ordre naturel des sociétés, puissent goûter un instant de calme et de repos. Il me semble que le découragement et le désespoir doivent être leur triste partage. Car enfin, si la nature s’est trompée en faisant de l’intérêt personnel le grand ressort des sociétés humaines (et son erreur est évidente, dès qu’il est admis que les intéréts sont fatalement antagoniques), comment ne s’aperçoivent-ils pas que le mal est irrémédiable ? Ne pouvant recourir qu’à des hommes, hommes nous-mêmes, où prendrons-nous notre point d’appui pour changer les tendances de l’humanité ? Invoquerons-nous la police, la magistrature, l’État, le législateur ? Mais c’est en appeler à des hommes, c’est-à-dire à des êtres sujets à l’infirmité commune. Nous adresserons-nous au suffrage universel ? Mais c’est donner le cours le plus libre à l’universelle tendance.
Il ne reste donc qu’une ressource à ces publicistes. C’est de se donner pour des révélateurs, pour des prophètes, pétris d’un autre limon, puisant leurs inspirations à d’autres sources que le reste de leurs semblables ; et c’est pourquoi, sans doute, on les voit si souvent envelopper leurs systèmes et leurs conseils dans une phraséologie mystique. Mais s’ils sont des envoyés de Dieu, qu’ils prouvent donc leur mission. En définitive, ce qu’ils demandent, c’est la puissance souveraine, c’est le despotisme le plus absolu qui fut jamais. Non-seulement ils veulent gouverner nos actes, mais ils prétendent altérer jusqu’à l’essence même de nos sentiments. C’est bien le moins qu’ils nous montrent leurs titres. Espèrent-ils que l’humanité les croira sur parole, alors surtout qu’ils ne s’entendent pas entre eux ?
Mais avant-même d’examiner leurs projets de sociétés artificielles, n’y a-t-il pas une chose dont il faut s’assurer, à savoir, s’ils ne se trompent pas dès le point de départ ? Est-il bien certain que les intérêts soient naturellement antagoniques, qu’une cause irrémédiable d’inégalité se développe fatalement dans l’ordre naturel des sociétés humaines, sous l’influence de l’intérêt personnel, et que, dès lors, Dieu se soit manifestement trompé quand il a ordonné que l’homme tendrait vers le bien-être ?
C’est ce que je me propose de rechercher.
Prenant l’homme, tel qu’il a plu à Dieu de le faire, susceptible de prévoyance et d’expérience, perfectible, s’aimant lui-même, c’est incontestable, mais d’une affection tempérée par le principe sympathique, et, en tout cas, contenue, équilibrée par la rencontre d’un sentiment analogue universellement répandu dans le milieu où elle agit, je me demande quel ordre social doit nécessairement résulter de la combinaison et des libres tendances de ces éléments.
Si nous trouvons que ce résultat n’est autre chose qu’une marche progressive vers le bien-être, le perfectionnement et l’égalité ; une approximation soutenue de toutes les classes vers un même niveau physique, intellectuel et moral, en même temps qu’une constante élévation de ce niveau, l’œuvre de Dieu sera justifiée. Nous apprendrons avec bonheur qu’il n’y a pas de lacune dans la création, et que l’ordre social, comme tous les autres, atteste l’existence de ces lois harmoniques devant lesquelles s’inclinait Newton et qui arrachaient au Psalmiste ce cri : Cœli enarrant gloriam Dei.
Rousseau disait : Si j’étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire, je le ferais, ou je me tairais.
Je ne suis pas prince, mais la confiance de mes concitoyens m’a fait législateur. Peut-être me diront-ils que c’est pour moi le temps d’agir et non d’écrire.
Qu’ils me pardonnent ; que ce soit la vérité elle-même qui me presse ou que je sois dupe d’une illusion, toujours est-il que je sens le besoin de concentrer dans un faisceau des idées que je n’ai pu faire accepter jusqu’ici pour les avoir présentées éparses et par lambeaux. Il me semble que j’aperçois dans le jeu des lois naturelles de la société de sublimes et consolantes harmonies. Ce que je vois ou crois voir, ne dois-je pas essayer de le montrer à d’autres, afin de rallier ainsi autour d’une pensée de concorde et de fraternité bien des intelligences égarées, bien des cœurs aigris ? Si, quand le vaisseau adoré de la patrie est battu par la tempête, je parais m’éloigner quelquefois, pour me recueillir, du poste auquel j’ai été appelé, c’est que mes faibles mains sont inutiles à la manœuvre. Est-ce d’ailleurs trahir mon mandat que de réfléchir sur les causes de la tempête elle-même, et m’efforcer d’agir sur ces causes ? Et puis, ce que je ne ferais pas aujourd’hui, qui sait s’il me serait donné de le faire demain ?
Je commencerai par établir quelques notions économiques. M’aidant des travaux de mes devanciers, je m’efforcerai de résumer la science dans un principe vrai, simple et fécond, qu’elle entrevit dès l’origine, dont elle s’est constamment approchée et dont peut-être le moment est venu de fixer la formule. Ensuite, à la clarté de ce flambeau, j’essayerai de résoudre quelques-uns des problèmes encore controversés, concurrence, machines, commerce extérieur, luxe, capital, rente, etc. Je signalerai quelques-unes des relations, ou plutôt des harmonies de l’économie politique avec les autres sciences morales et sociales, en jetant un coup d’œil sur les graves sujets exprimés par ces mots : intérêt personnel, propriété, communauté, liberté, égalité, responsabilité, solidarité, fraternité, unité. Enfin j’appellerai l’attention du lecteur sur les obstacles artificiels que rencontre le développement pacifique, régulier et progressif des sociétés humaines. De ces deux idées : lois naturelles harmoniques, causes artificielles perturbatrices, se déduira la solution du problème social.
Il serait difficile de ne pas apercevoir le double écueil qui attend cette entreprise. Au milieu du tourbillon qui nous emporte, si ce livre est abstrait, on ne le lira pas ; s’il obtient d’être lu, c’est que les questions n’y seront qu’effleurées. Comment concilier les droits de la science avec les exigences du lecteur ? Pour satisfaire à toutes les conditions de fond et de forme, il faudrait peser chaque mot et étudier la place qui lui convient. C’est ainsi que le cristal s’élabore goutte à goutte dans le silence et l’obscurité. Silence, obscurité, temps, liberté d’esprit, tout me manque à la fois ; et je suis réduit à me confier à la sagacité du public en invoquant son indulgence.
L’économie politique a pour sujet l’homme.
Mais elle n’embrasse pas l’homme tout entier. Sentiment religieux, tendresse paternelle et maternelle, piété filiale, amour, amitié, patriotisme, charité, politesse, la morale a envahi tout ce qui remplit les attrayantes régions de la sympathie. Elle n’a laissé à sa sœur, l’économie politique, que le froid domaine de l’intérêt personnel. C’est ce qu’on oublie injustement quand on reproche à cette science de n’avoir pas le charme et l’onction de la morale. Cela se peut-il ? Contestez-lui le droit d’être, mais ne la forcez pas de se contrefaire. Si les transactions humaines, qui ont pour objet la richesse, sont assez vastes, assez compliquées pour donner lieu à une science spéciale, laissons-lui l’allure qui lui convient et ne la réduisons pas à parler des Intérêts dans la langue des Sentiments. Je ne crois pas, quant à moi, qu’on lui ait rendu service, dans ces derniers temps, en exigeant d’elle un ton de sentimentalité enthousiaste qui, dans sa bouche, ne peut être que de la déclamation. De quoi s’agit-il ? De transactions accomplies entre gens qui ne se connaissent pas, qui ne se doivent rien que la justice, qui défendent et cherchent à faire prévaloir des intérêts. Il s’agit de prétentions qui se limitent les unes par les autres, où l’abnégation et le dévouement n’ont que faire. Prenez donc une lyre pour parler de ces choses. Autant j’aimerais que Lamartine consultât la table des logarithmes pour chanter ses odes [2].
Ce n’est pas que l’économie politique n’ait aussi sa poésie, Il y en a partout où il y a ordre et harmonie. Mais elle est dans les résultats, non dans la démonstration : Elle se révèle, on ne la crée pas. Képler ne s’est pas donné pour poëte, et certes les lois qu’il a découvertes sont la vraie poésie de l’intelligence.
Ainsi l’économie politique n’envisage l’homme que par un côté, et notre premier soin doit être d’étudier l’homme à ce point de vue. C’est pourquoi nous ne pouvons nous dispenser de remonter aux phénomènes primordiaux de la sensibilité et de l’activité humaines. Que le lecteur se rassure néanmoins. Notre séjour ne sera pas long dans les nuageuses régions de la métaphysique, et nous n’emprunterons à cette science que des notions simples, claires, et, s’il se peut, incontestées. [3]
L’âme (ou pour ne pas engager la question de spiritualité), l’homme est doué de sensibilité. Que la sensibilité soit dans l’âme ou dans le corps, toujours est-il que l’homme comme être passif éprouve des sensations pénibles ou agréables. Comme être actif, il fait effort pour éloigner les unes et multiplier les autres. Le résultat, qui l’affecte encore comme être passif, peut s’appeler satisfaction.
De l’idée générale sensibilité naissent les idées plus précises : peines, besoins, désirs, goûts, appétits, d’un côté ; et de l’autre, plaisirs, jouissances, consommation, bien-être.
Entre ces deux extrêmes s’interpose le moyen, et de l’idée générale activité naissent des idées plus précises : peine, effort, fatigue, travail, production.
En décomposant la sensibilité et l’activité, nous retrouvons un mot commun aux deux sphères, le mot peine. C’est une peine que d’éprouver certaines sensations, et nous ne pouvons la faire cesser que par un effort qui est aussi une peine. Ceci nous avertit que nous n’avons guère ici-bas que le choix des maux.
Tout est personnel dans cet ensemble de phénomènes, tant la sensation qui précède l’effort que la satisfaction qui le suit.
Nous ne pouvons donc pas douter que l’intérêt personnel ne soit le grand ressort de l’humanité. [4] Il doit être bien entendu que ce mot est ici l’expression d’un fait universel, incontestable, résultant de l’organisation de l’homme, et non point un jugement critique, comme serait le mot égoïsme. Les sciences morales seraient impossibles, si l’on pervertissait d’avance les termes dont elles sont obligées de se servir.
L’effort humain ne vient pas se placer toujours et nécessairement entre la sensation et la satisfaction. Quelquefois la satisfaction se réalise d’elle-même. Plus souvent l’effort s’exerce sur des matériaux, par l’intermédiaire de forces que la nature a mises gratuitement à la disposition des hommes.
Si l’on donne le nom d’utilité à tout ce qui réalise la satisfaction des besoins, il y a donc des utilités de deux sortes. Les unes nous ont été accordées gratuitement par la Providence ; les autres veulent être, pour ainsi parler, achetées par un effort.
Ainsi l’évolution complète embrasse ou peut embrasser ces quatre idées :
Besoin { Utilité gratuite, Utilité onéreuse } Satisfaction
L’homme est pourvu de facultés progressives. Il compare, il prévoit, il apprend, il se réforme par l’expérience. Puisque si le besoin est une peine, l’effort est une peine aussi, il n’y a pas de raison pour qu’il ne cherche à diminuer celle-ci, quand il le peut faire sans nuire à la satisfaction qui en est le but. C’est à quoi il réussit quand il parvient à remplacer de l’utilité onéreuse par de l’utilité gratuite, et c’est l’objet perpétuel de ses recherches.
Il résulte de la nature intéressée de notre cœur que nous cherchons constamment à augmenter le rapport de nos satisfactions à nos efforts ; et il résulte de la nature intelligente de notre esprit que nous y parvenons, pour chaque résultat donné, en augmentant le rapport de l’utilité gratuite à l’utilité onéreuse.
Chaque fois qu’un progrès de ce genre se réalise, une partie de nos efforts est mise, pour ainsi dire, en disponibilité ; et nous avons l’option ou de nous abandonner à un plus long repos, ou de travailler à la satisfaction de nouveaux désirs, s’il s’en forme dans notre cœur d’assez puissants pour stimuler notre activité.
Tel est le principe de tout progrès dans l’ordre économique ; c’est aussi, il est aisé de le comprendre, le principe de toute déception, car progrès et déceptions ont leur racine dans ce don merveilleux et spécial que Dieu a fait aux hommes : le libre arbitre.
Nous sommes doués de la faculté de comparer, de juger, de choisir et d’agir en conséquence ; ce qui implique que nous pouvons porter un bon ou mauvais jugement, faire un bon ou mauvais choix. Il n’est jamais inutile de le rappeler aux hommes quand on leur parle de liberté.
Nous ne nous trompons pas, il est vrai, sur la nature intime de nos sensations, et nous discernons avec un instinct infaillible si elles sont pénibles ou agréables. Mais que de formes diverses peuvent prendre nos erreurs ! Nous pouvons nous méprendre sur la cause et poursuivre avec ardeur, comme devant nous donner une satisfaction, ce qui doit nous infliger une peine ; ou bien sur l’enchaînement des effets, et ignorer qu’une satisfaction immédiate sera suivie d’une plus grande peine ultérieure ; on encore sur l’importance relative de nos besoins et de nos désirs.
Non-seulement nous pouvons donner ainsi une fausse direction à nos efforts par ignorance, mais encore par perversion de volonté. « L’homme, dit M. de Bonald, est une intelligence servie par des organes. » Eh quoi ! n’y a-t-il pas autre chose en nous ? N’y a-t-il pas les passions ?
Quand donc nous parlons d’harmonie, nous n’entendons pas dire que l’arrangement naturel du monde social soit tel que l’erreur et le vice en aient été exclus ; soutenir cette thèse en face des faits, ce serait pousser jusqu’à la folie la manie du système. Pour que l’harmonie fût sans dissonance, il faudrait ou que l’homme n’eût pas de libre arbitre, ou qu’il fût infaillible. Nous disons seulement ceci : les grandes tendances sociales sont harmoniques, en ce que, toute erreur menant à une déception et tout vice à un châtiment, les dissonances tendent incessamment à disparaître.
Une première et vague notion de la propriété se déduit de ces prémisses. Puisque c’est l’individu qui éprouve la sensation, le désir, le besoin, puisque c’est lui qui fait l’effort, il faut bien que la satisfaction aboutisse à lui, sans quoi l’effort n’aurait pas sa raison d’être.
Il en est de même de l’hérédité. Aucune théorie, aucune déclamation ne fera que les pères n’aiment leurs enfants. Les gens qui se plaisent à arranger des sociétés imaginaires peuvent trouver cela fort déplacé, mais c’est ainsi. Un père fait autant d’efforts, plus peut-être, pour la satisfaction de ses enfants que pour la sienne propre. Si donc une loi contre nature interdisait la transmission de la propriété, non-seulement elle la violerait par cela même, mais encore elle l’empêcherait de se former, en frappant d’inertie la moitié au moins des efforts humains.
Intérêt personnel, propriété, hérédité, nous aurons occasion de revenir sur ces sujets. Cherchons d’abord la circonscription de la science qui nous occupe.
Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une science a, par elle-même, des frontières naturelles et immuables. Dans le domaine des idées, comme dans celui des faits, tout se lie, tout s’enchaîne, toutes les vérités se fondent les unes dans les autres, et il n’y a pas de science qui, pour être complète, ne dût les embrasser toutes. On a dit avec raison que, pour une intelligence infinie, il n’y aurait qu’une seule vérité. C’est donc notre faiblesse qui nous réduit à étudier isolément un certain ordre de phénomènes, et les classifications qui en résultent ne peuvent échapper à un certain arbitraire.
Le vrai mérite est d’exposer avec exactitude les faits, leurs causes et leurs conséquences. C’en est un aussi, mais beaucoup moindre et purement relatif, de déterminer d’une manière, non point rigoureuse, cela est impossible, mais rationnelle, l’ordre de faits que l’on se propose d’étudier.
Je dis ceci pour qu’on ne suppose pas que j’entends faire la critique de mes devanciers, s’il m’arrive de donner à l’économie politique des limites un peu différentes de celles qu’ils lui ont assignées.
Dans ces derniers temps, on a beaucoup reproché aux économistes de s’être trop attachés à étudier la richesse. On aurait voulu qu’ils fissent entrer dans la science tout ce qui, de près ou de loin, contribue au bonheur ou aux souffrances de l’humanité, et on a été jusqu’à supposer qu’ils niaient tout ce dont ils ne s’occupaient pas, par exemple, les phénomènes du principe sympathique, aussi naturel au cœur de l’homme que le principe de l’intérêt personnel. C’est comme si l’on accusait le minéralogiste de nier l’existence du règne animal. Eh quoi ! la richesse, les lois de sa production, de sa distribution, de sa consommation, n’est-ce pas un sujet assez vaste, assez important pour faire l’objet d’une science spéciale ? Si les conclusions de l’économiste étaient en contradiction avec celles de la politique ou de la morale, je concevrais l’accusation. On pourrait lui dire : « En vous limitant, vous vous êtes égaré, car il n’est pas possible que deux vérités se heurtent. » Peut-être résultera-t-il du travail que je soumets au public que la science de la richesse est en parfaite harmonie avec toutes les autres. [5]
Des trois termes qui renferment les destinées humaines : sensation, effort, satisfaction, le premier et le dernier se confondent toujours et nécessairement dans la même individualité. Il est impossible de les concevoir séparés. On peut concevoir une sensation non satisfaite, un besoin inassouvi ; jamais personne ne comprendra le besoin dans un homme et sa satisfaction dans un autre.
S’il en était de même pour le terme moyen, l’effort, l’homme serait un être complétement solitaire. Le phénomène économique s’accomplirait intégralement dans l’individu isolé. Il pourrait y avoir une juxtaposition de personnes, il n’y aurait pas de société. Il pourrait y avoir une économie personnelle, il ne pourrait exister d’économie politique.
Mais il n’en est pas ainsi. Il est fort possible et fort fréquent que le besoin de l’un doive sa satisfaction à l’effort de l’autre. C’est un fait. Si chacun de nous veut passer en revue toutes les satisfactions qui aboutissent à lui, il reconnaîtra qu’il les doit, pour la plupart, à des efforts qu’il n’a pas faits ; et de même, le travail que nous accomplissons, chacun dans notre profession, va presque toujours satisfaire des désirs qui ne sont pas en nous.
Ceci nous avertit que ce n’est ni dans les besoins ni dans les satisfactions, phénomènes essentiellement personnels et intransmissibles, mais dans la nature du terme moyen, des efforts humains, qu’il faut chercher le principe social, l’origine de l’économie politique.
C’est, en effet, cette faculté donnée aux hommes, et aux hommes seuls, entre toutes les créatures, de travailler les uns pour les autres ; c’est cette transmission d’efforts, cet échange de services, avec toutes les combinaisons compliquées et infinies auxquelles il donne lieu à travers le temps et l’espace, c’est là précisément ce qui constitue la science économique, en montre l’origine et en détermine les limites.
Je dis donc :
Forment le domaine de l’économie politique tout effort susceptible de satisfaire, à charge de retour, les besoins d’une personne autre que celle qui l’a accompli, — et, par suite, les besoins et satisfactions relatifs à cette nature d’efforts.
Ainsi, pour citer un exemple, l’action de respirer, quoiqu’elle contienne les trois termes qui constituent le phénomène économique, n’appartient pourtant pas à cette science, et l’on en voit la raison : c’est qu’il s’agit ici d’un ensemble de faits dans lequel non-seulement les deux extrêmes : besoin et satisfaction, sont intransmissibles (ils le sont toujours), mais où le terme moyen, l’effort, est intransmissible aussi. Nous n’invoquons l’assistance de personne pour respirer ; il n’y a là ni service à recevoir ni service à rendre ; il y un fait individuel par nature et non social, qui ne peut, par conséquent, entrer dans une science toute de relation, comme l’indique son nom même.
Mais que, dans des circonstances particulières, des hommes aient à s’entr’aider pour respirer, comme lorsqu’un ouvrier descend dans une cloche à plongeur, ou quand un médecin agit sur l’appareil pulmonaire, ou quand la police prend des mesures pour purifier l’air, alors il y a un besoin satisfait par l’effort d’une autre personne que celle qui l’éprouve, il y a service rendu, et la respiration même entre, sous ce rapport du moins, quant à l’assistance et à la rémunération, dans le cercle de l’économie politique.
Il n’est pas nécessaire que la transaction soit effectuée, il suffit qu’elle soit possible pour que le travail soit de nature économique. Le laboureur qui cultive du blé pour son usage accomplit un fait économique par cela seul que le blé est susceptible d’être échangé.
Accomplir un effort pour satisfaire le besoin d’autrui, c’est lui rendre un service. Si un service est stipulé en retour, il y a échange de services, et, comme c’est le cas le plus ordinaire, l’économie politique peut être définie : la théorie de l’échange.
Quelle que soit pour l’une des parties contractantes la vivacité du besoin, pour l’autre l’intensité de l’effort, si l’échange est libre, les deux services échangés se valent. La valeur consiste donc dans l’appréciation comparative des services réciproques, et l’on peut dire encore que l’économie politique est la théorie de la valeur. [6]
Je viens de définir l’économie politique et de circonscrire son domaine, sans parler d’un élément essentiel : l’utilité gratuite.
Tous les auteurs ont fait remarquer que nous puisons une foule de satisfactions à cette source. Ils ont appelé ces utilités, telles que l’air, l’eau, la lumière du soleil, etc., richesses naturelles, par opposition aux richesses sociales, après quoi ils ne s’en sont plus occupés ; et, en effet, il semble que, ne donnant lieu à aucun effort, à aucun échange, à aucun service, n’entrant dans aucun inventaire comme dépourvues de valeur, elles ne doivent pas entrer dans le cercle d’étude de l’économie politique.
Cette exclusion serait rationnelle, si l’utilité gratuite était une quantité fixe, invariable, toujours séparée de l’utilité onéreuse ; mais elles se mêlent constamment et en proportions inverses. L’application soutenue de l’homme est de substituer l’une à l’autre, c’est-à-dire d’arriver, à l’aide des agents naturels et gratuits, aux mêmes résultats avec moins d’efforts. Il fait faire par le vent, par la gravitation, par le calorique, par l’élasticité du gaz, ce qu’il n’accomplissait à l’origine que par sa force musculaire.
Or qu’arrive-t-il ? Quoique l’effet utile soit égal, l’effort est moindre. Moindre effort implique moindre service, et moindre service implique moindre valeur. Chaque progrès anéantit donc de la valeur ; mais comment ? Non point en supprimant l’effet utile, mais en substituant de l’utilité gratuite à de l’utilité onéreuse, de la richesse naturelle à de la richesse sociale. À un point de vue, cette portion de valeur ainsi anéantie sort du domaine de l’économie politique comme elle est exclue de nos inventaires ; car elle ne s’échange plus, elle ne se vend ni ne s’achète, et l’humanité en jouit sans efforts, presque sans en avoir la conscience ; elle ne compte plus dans la richesse relative, elle prend rang parmi les dons de Dieu. Mais, d’un autre côté, si la science n’en tenait plus aucun compte, elle se fourvoierait assurément, car elle perdrait de vue justement ce qui est l’essentiel, le principal en toutes choses : le résultat, l’effet utile ; elle méconnaîtrait les plus fortes tendances communautaires et égalitaires ; elle verrait tout dans l’ordre social, moins l’harmonie. Et si ce livre est destiné à faire faire un pas à l’économie politique, c’est surtout en ce qu’il tiendra les yeux du lecteur constamment attachés sur cette portion de valeur successivement anéantie et recueillie sous forme d’utilité gratuité par l’humanité tout entière.
Je ferai ici une remarque qui prouvera combien les sciences se touchent et sont près de se confondre.
Je viens de définir le service. C’est l’effort dans un homme, tandis que le besoin et la satisfaction sont dans un autre. Quelquefois le service est rendu gratuitement, sans rémunération, sans qu’aucun service soit exigé en retour. Il part alors du principe sympathique plutôt que du principe de l’intérêt personnel. Il constitue le don et non l’échange. Par suite, il semble qu’il n’appartienne pas à l’économie politique (qui est la théorie de l’échange), mais à la morale. En effet, les actes de cette nature sont, à cause de leur mobile, plutôt moraux qu’économiques. Nous verrons cependant que, par leurs effets, ils intéressent la science qui nous occupe. D’un autre côté, les services rendus à titre onéreux, sous condition de retour, et, par ce motif, essentiellement économiques, ne restent pas pour cela, quant à leurs effets, étrangers à la morale.
Ainsi ces deux branches de connaissances ont des points de contact infinis ; et, comme deux vérités ne sauraient être antagoniques, quand l’économiste assigne à un phénomène des conséquences funestes en même temps que le moraliste lui attribue des effets heureux, on peut affirmer que l’un ou l’autre s’égare. C’est ainsi que les sciences se vérifient l’une par l’autre.
[1]: « Notre régime industriel, formé sur la concurrence sans garantie et sans organisation, n’est donc qu’un enfer social, une vaste réalisation de tous les tourments et de tous les supplices de l’antique Ténare. Il y a une différence pourtant : les victimes. » (V. Considérant.)
[2]: V. au tome IV, le chap. II de la seconde série des Sophismes. (Note de l’éditeur des Œuvres complètes.)
[3]: Version du Journal des Économistes, plus brève :
L’économie politique a pour sujet l’Homme.
Mais elle n’embrasse pas l’Homme tout entier. Par exemple, elle ne s’occupe pas de ses rapports avec ses futures destinées. Elle ne l’envisage que par un certain côté.
Notre premier soin doit donc être d’étudier l’homme à ce point de vue. Ainsi, je suis obligé de remonter aux phénomènes primordiaux de la sensibilité et de l’activité humaines. Que le lecteur se rassure cependant, notre séjour ne sera pas long dans les nuageuses régions de la Métaphysique, et je n’emprunterai à cette science que des notions simples, claires, et, je l’espère, incontestées.
[4]: Ce qui suit, jusqu’à “Une première et vague notion de la propriété se déduit de ces prémisses”, est absent de la version publiée au Journal des Économistes.
[5]: Ici, la version du Journal des Économistes contient les paragraphes que voici :
Besoins, efforts, satisfactions, voilà le fond général de toutes les sciences qui ont l’homme pour objet.
Mais il s’en faut bien que l’économie politique embrasse un domaine aussi vaste.
Respirer est un besoin. Il exige un effort et amène une satisfaction. Cependant, personne ne songe à faire entrer le phénomène de la respiration dans le cercle de l’économie politique.
Un homme s’efforce de gagner l’estime, l’affection, la considération de ses semblables ? Le succès est sa récompense. Dira-t-on que ce soit là un sujet d’étude pour l’économiste ?
Il en est de même des efforts que font les hommes pour conquérir, les uns la gloire, les autres la couronne des élus.
On comprend qu’une science se refuse à embrasser, dans ses recherches, toutes les impressions, tous les efforts, toutes les satisfactions dans l’ordre physique, intellectuel et moral.
Imposer à l’économie politique cette vaste étendue, ce serait exiger d’elle d’être la science universelle, ce serait lui interdire de limiter le champ de ses investigations.
Besoin, effort, satisfaction, ces trois éléments doivent se rencontrer pour qu’un phénomène appartienne à l’économie politique. Mais puisque tous ceux qui présentent ce triple caractère n’y peuvent entrer, à quoi reconnaîtrons-nous ceux qu’il faut laisser en dehors ?
Ce point de départ, je dois le dire, a divisé les Économistes.
En général, ils ont cherché dans le dernier terme, et en dégageant de l’idée générale satisfaction ce qu’on appelle en logique la différence propre, ce qui pouvait caractériser et limiter la science économique.
C’était bien naturel. Ils voulaient traiter de la richesse. Ils ne pouvaient la voir ni dans nos besoins, ni dans nos efforts. Ils devaient donc la chercher là où elle réside réellement, dans les objets propres à satisfaire nos désirs.
Adam Smith exigeait deux conditions pour que les choses fussent de la richesse : qu’elles fussent échangeables et accumulables. Ces deux conditions en impliquaient une troisième, c’est qu’elles fussent tangibles ou matérielles, car comment concevoir que ce qui est immatériel soit susceptible d’accumulation ?
La langue de l’économie politique s’est faite malheureusement sur cette donnée. Aussi toutes les expressions qui entrent dans son vocabulaire sont empreintes de matérialité, et particulièrement les deux termes extrêmes : production, consommation.
Selon cette définition, Smith aurait dû laisser une foule de professions en dehors de l’économie politique, et en exclure tous les hommes qui ne créent pas des produits tangibles, mais rendent des services, magistrats, auteurs, prêtres, jurisconsultes, militaires, médecins, artistes, professeurs, négociants, banquiers, assureurs, entrepreneurs de transports, etc., etc. Cependant il s’en est beaucoup occupé, se contentant de dire que ces professions sont utiles mais improductives, ce qui atteste un vice dans la définition même.
L’influence de cette imperfection a fortement obscurci la notion de la Valeur, ainsi que je l’expliquerai plus tard.
J.-B. Say s’approcha beaucoup plus du vrai dans son Traité, et, au fond, on peut dire qu’il l’atteignit dans son Cours.
Dans le premier de ces ouvrags, il avait d’abord adopté le point de départ de Smith ; mais son esprit investigateur lui montra bientôt que cette distinction entre les produits et les services séparait des choses qui ont le même but, les mêmes effets, la même origine et la même nature.
Aussi, dans son Cours, il fit entrer positivement les services dans l’Économie sociale, leur reconnaissant ce qui fait le fondement de la richesse, la Valeur. Il a même été plus loin dans ses lettres à Malthus, puisqu’il y déclare que toute valeur est immatérielle. C’était reconnaître implicitement que les produits eux-mêmes n’ont de valeur qu’à cause des services dont ils sont l’occasion. Toute la théorie que je soumets aujourd’hui au public repose sur cette observation.
Ainsi J.-B. Say est l’auteur de la découverte qui, en même temps qu’elle a élargi la science, en a fixé les vraies limites.
Mais a-t-il tiré de sa découverte toutes les conséquences qu’elle renferme ? On peut en douter sans manquer au respect que méritent ses vastes travaux. Mieux que personne, J.-B. Say savait qu’aucune science humaine n’est jamais achevée, et nul ne sent mieux ce qui reste à apprendre, que celui qui a le plus appris. Ce n’est pas un homme aux profondes et sérieuses études, mais un poëte enthousiaste, qui a pu s’écrier :
« À tous nos successeurs ne laissons rien à dire. » *
Ne serait-il pas contradictoire, d’ailleurs, d’exiger que celui qui est arrivé, malgré l’autorité de ses prédécesseurs, malgré ses propres opinions primitives, par de laborieuses et successives investigations, à un résultat inattendu, eût fait de ce résultat la base de son exposition ? C’est trop demander à la fugitive rapidité d’une vie d’homme. C’est une grande gloire pour le savant de transmettre à ses successeurs une belle idée, une semence féconde. Comment en recueillerait-il les fruits, puisqu’elle est elle-même le fruit de son génie ? Les sciences s’avancent ainsi : ce qui fut glorieuse conclusion pour le maître devient facile point de départ pour le disciple, et les générations, selon l’expression de M. Say, voient se grossir sans cesse le trésor de leurs connaissances.
J.-B. Say, il ne faut pas l’oublier, était parti de l’idée de Smith. Il avait longtemps tenu son attention fixée sur le produit. Ce n’est qu’à force de logique qu’il arriva à reconnaître la Valeur dans les services. Il ne pouvait donc partir de la complète fusion de ces deux éléments, encore moins de la complète annihilation du premier dans le second. Tout ce qu’il put faire, ce fut de les juxtaposer plutôt que de les identifier. Dans ses ouvrages, le produit conserve une sorte de prééminence, et le service forme tout au plus une classe particulière et accessoire de produits, sous le nom de produits immatériels, expressions un peu étonnées de se trouver accouplées ; car l’esprit humain se refusera toujours à voir un produit dans ce qui est immatériel, dans le chant de Malibran, dans la décision du juge, dans le conseil du médecin ou de l’avocat, dans la leçon du professeur.
Il est résulté de là que l’homme qui a découvert l’immatérialité de la Valeur n’en a pas moins conservé le vocabulaire consacré de l’économie politique, dont tous les termes, comme production, consommation, etc., portent le cachet de la matérialité ; et, certes, il est à craindre que la science ne traîne longtemps encore après elle le fardeau de cette imperfection, car quel hardi néologiste oserait refaire la langue ?
Cependant, grâce à cette approximation successive vers la solution du problème, le moment est venu de faire un pas décisif. Partant de ce point, que la valeur est immatérielle, un des objets de cet écrit est de démontrer que les services ne sont pas des produits, parce qu’ils ont de la valeur, mais qu’au contraire les produits n’ont de la valeur que parce que et en tant qu’ils sont des services, en sorte que ceux-ci, en définitive, restent seuls en possession de la science.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas en opérant sur la satisfaction et en cherchant dans ce phénomène une distinction spécifique, la matérialité, que Smith pouvait trouver l’objet véritable et les limites rationnelles de la science. J’avoue que ce procédé me semble arbitraire et empirique. Smith lui-même en prouve l’insuffisance. Qu’est-ce qu’une économie sociale qui ne tient pas compte de la moitié de la société, ou se trouve réduite, en s’en occupant, à être inconséquente ?
Cherchons donc une autre solution.
[6]: Le passage suivant, jusqu’à “Je ferai ici une remarque…”, est absent de la version du Journal des Économistes.
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