Moniteur industriel du 15 mai 1845.
M. le vicomte de Romanet, membre du conseil général de l’agriculture, nous adresse la lettre suivante que nous nous empressons de publier :
Paris, 12 mai 1845
A Monsieur le rédacteur en chef du Moniteur industriel.
Monsieur,
Une revue mensuelle qui jouit d’une réputation méritée, tant par le nom de ses principaux rédacteurs que par le choix des sujets et la manière dont ils sont traités, le Journal des Economistes, contient, dans son dernier numéro, sous ce titre : Sophismes économiques, un article fort spirituellement écrit en faveur de la liberté du commerce ; et il me paraît utile que cet article, extrêmement spécieux, ne demeure pas sans réponse. Il eût été, je crois, désirable que la réponse fût publiée dans le journal même qui a donné l’article, car, si je me trompe, mes erreurs eussent pu être immédiatement réfutées ; et d’ailleurs, la vie du journal c’est la discussion ; aussi, il n’a pas tenu à moi qu’il n’en fût ainsi : mais le comité de rédaction du Journal des Economistes n’a pas cru devoir entrer dans cette voie d’une controverse établie sur son propre terrain. Dans ces circonstances, j’ose espérer que le Moniteur industriel voudra bien m’ouvrir ses colonnes pour combattre des doctrines qui menacent toutes nos industries.
Après s’être élevé contre la théorie de la disette qu’il prête à ses adversaires, l’auteur des Sophismes économiques pose ce principe : la richesse des hommes c’est l’abondance des choses. Ce serait là un principe incontestable si la phrase était complète, mais il manque un mot à la formule, et dans l’absence de ce mot se trouve toute la distance qui sépare ses opinions des nôtres ; il faut dire : la richesse des hommes c’est l’abondance durable des choses, car l’abondance momentanée est une richesse factice, et quand elle est suivie de la disette, elle n’a pour résultat que de rendre cette disette plus amère. La suppression des douanes que demande l’auteur de l’article[1] amènerait chez nous l’abondance demain, cela est, je crois, certain, mais demain tout seul, et la disette après demain et jours suivans. Pour prouver ce que j’avance, je prendrai son propre raisonnement.
Je suppose, dit-il, que, dans le moment actuel où les lois restrictives ont toute leur force, on fasse un inventaire complet de tous les blés, viandes, draps, toiles, combustibles, denrées coloniales, etc., qui existent en France ; que le lendemain de l’inventaire on renverse toutes les barrières qui s’opposent à l’introduction des produits étrangers, puis que trois mois après on procède à un nouvel inventaire. N’est-il pas vrai qu’il se trouvera en France plus de blé, de bestiaux, de draps, de toiles, de fer, de houille, de sucre, etc., lors du second qu’à l’époque du premier inventaire ?
Cela me paraît comme à lui incontestable, et c’est ce que j’appelle demain ; mais aussi après demain, qu’arrivera-t-il ? Les denrées dont nous venons de parler sont, en général, produites à plus bas prix chez nos voisins que chez nous (et, par des causes analogues, dans leurs colonies que dans les nôtres). L’auteur le reconnaît par le fait, puisqu’il en demande la libre introduction, puisqu’il affirme que, si l’on renverse les barrières, il en entrera beaucoup ; or, comme l’étranger a de plus que nous le prix du transport, il ne pourrait pas en apporter sur nos marchés intérieurs s’il ne produisait pas à plus bas prix ; cela est par conséquent reconnu. Donc, aussitôt que les barrières auront été renversées, les producteurs nos voisins écouleront à l’instant chez nous la portion de ces denrées qui se trouve chez eux comme partout un peu en excès sur les demandes du consommateur, et qui forme l’abondance du marché, ou, pour me servir des expressions de mon adversaire, l’abondance de l’offre. Cela suffira pour amener immédiatement sur toutes nos places une quantité assez considérable de produits qui, ayant coûté moins cher que leurs similaires français, pourront être livrés à meilleur marché, et feront descendre le prix de vente au dessous de nos prix de revient. Donc, nos producteurs ou ne vendront pas ou vendront à perte ; et comme, en pareil cas, plus on produit et plus on perd, chacun d’eux cessera à l’instant, non pas de produire (je suis en cela d’accord avc mon adversaire), mais de produire les denrées qu’il produisait auparavant, et dont le prix de revient lui était bien connu. Il fera ce que vous lui conseillez, il fera autre chose ; il abandonnera le connu qui lui offre une perte certaine, pour tenter l’incertain qui lui laisse au moins l’espoir d’un meilleur résultat, mais il tournera vainement dans un cercle sans issue, car il lui faudra toujours payer les mêmes impôts, et, grâce au chiffre de ces impôts et à leur système de répartition, l’un et l’autre exceptionnels en Europe, nous produisons tout plus chèrement que l’étranger. L’auteur, comme je l’ai dit, le reconnaît par le fait même de son argumentation, et de plus, je l’ai démontré dans un mémoire sur la protection que j’ai lu le 15 mars dernier devant l’Académie des sciences morales et politiques, et qui n’a pas été réfuté, quoiqu’un membre de l’Académie ait fait, avec le talent que tout le monde lui connaît, une brillante improvisation à propos de ce mémoire. Le producteur français s’agite donc vainement pour trouver une industrie qui lui donne un prix rémunérateur ; mais le consommateur à qui on a eu bien soin de créer des intérêts distincts de ceux du producteur, dont on a fait, comme le dit l’auteur, l’antagoniste radical du vendeur, le consommateur qui trouve à meilleur marché chez nos voisins ce dont il a besoin à l’instant même, ne s’occupe pas de cette détresse, et continue de se pourvoir à l’étranger.
Que se passe-t-il alors sur les marchés étrangers ? cette faible portion de denrées qui excédait la demande du pays, a été introduite en France dès le premier jour, mais les demandes continuant de la part de la France et une consommation aussi vaste que la nôtre venant à peser d’une manière inaccoutumée sur les marchés voisins, il en résulte nécessairement la rareté des marchandises, ou autrement dit la rareté de l’offre, car il y a évidemment insuffisance réelle de matières premières et de bras pour satisfaire à une demande aussi considérable. Donc, les prix ne tardent pas à se niveler, et bientôt à dépasser ce qu’ils étaient en France. Alors le consommateur français se dit : — Il n’est pas nécessaire d’aller si loin pour payer plus cher que chez moi, — et il est d’autant plus porté dans cette circonstance à chercher le bon marché que, pour acheter les denrées qui lui sont nécessaires, il a besoin lui-même de recevoir des honoraires, des arrérages de rentes, des salaires, qui devaient lui être payés par les producteurs français, ses cliens ou ses débiteurs. Or, il s’est trouvé que ces cliens et ces débiteurs ayant cessé de vendre avantageusement les produits de leur propre industrie, ont cessé plus ou moins complètement de le payer ; d’où il suit que lui-même éprouve de la gêne. Il revient donc chez lui, ou autrement dit, il s’adresse de nouveau à ses anciens fournisseurs ; mais là, que trouve-t-il ? des usines fermées ou détruites, chaque industrie remplacée par une autre qui n’a pas mieux prospéré que celle à laquelle elle a succédé, le découragement, la banqueroute, et par suite la rareté prolongée de l’offre, comme dit mon adversaire, ou, en d’autres termes, la vraie famine. C’est là ce que j’appelle la disette du lendemain et jours suivans. Puis bientôt vient la révolte, car le sujet ou le citoyen qui paie l’impôt, veut qu’en échange de cet impôt celui qui s’est chargé de le gouverner lui fournisse les moyens de satisfaire en tout temps ses besoins à un prix à peu près uniforme. Si le gouvernant s’est trompé, le gouverné lui reproche brutalement ses erreurs et les lui fait payer durement.
Et remarquez bien que je n’ai pas eu besoin pour arriver à ce résultat de supposer une guerre, au début de laquelle l’étranger commencerait par nous refuser les denrées de première nécessité que nous aurions pris l’habitude de demander à ses producteurs. Remarquez bien encore que ce n’est pas du roman que j’écris, mais de l’histoire. En 1786, le Gouvernement français séduit par des doctrines que je considère comme destructives de la richesse des nations, et qui étaient alors fort en vogue, comme chacun le sait, signa avec le Gouvernement anglais un traité de commerce dont le principe était celui d’une réciprocité absolue, alors que les conditions de la production étaient si différentes en France et en Angleterre. Les conséquences de ce traité funeste pour la plupart de nos industries sont connues de tout le monde, et cependant je les développerais de nouveau, si les faits qu’il faudrait retracer ne devaient m’amener sur le terrain dangereux de la politique. En 1713, un autre traité à peu près semblable avait été signé également entre la France et l’Angleterre ; mais alors, l’industrie anglaise longtemps entravée par des guerres de religion et des troubles politiques, commençait à peine à réaliser ces progrès qui, pendant le siècle dernier, portèrent si haut la prospérité de ses fabriques. L’industrie française, au contraire, avait déjà effectué, grâce à la sage administration de Colbert et à l’impulsion donnée par ce grand ministre, des améliorations qui assuraient à la plupart de ses produits une supériorité marquée sur ceux de l’Angleterre, et dans cette circonstance, le principe de la réciprocité était favorable à la France et nuisible à sa rivale. Qu’arriva-t-il alors ? au lieu de s’en prendre aux gouvernans qui n’avaient été qu’inhabiles (si toutefois ils n’étaient pas au contraire très adroits), le peuple anglais s’en prit tout d’abord au traité lui-même. Quarante-six pétitions revêtues de plusieurs milliers de signatures furent présentées par les différens comtés et par les villes manufacturières intéressées au traité d’Utrecht, et quoique le traité fût signé et promulgué, quoiqu’il eût déjà été exécuté, surtout de la part de la France, le Gouvernement anglais fut forcé de soumettre au parlement un bill particulier pour l’exécution des articles 8 et 9, qui posaient spécialement le principe de la réciprocité et de l’uniformité des taxes entre l’Angleterre et la France. Après de longues et mémorables discussions, qui nous ont été fidèlement conservées, le bill fut rejeté, et l’Angleterre dut sans doute à ce rejet d’échapper à une nouvelle révolution. Il ne nous est resté de ce traité que la destruction déjà effectuée du port de Dunkerque, ce qui pourrait faire présumer que les négociateurs anglais avaient été plus habiles en 1713 que le négociateur français ne le fut en 1786, et que dans cette circonstance ils n’avaient pas, eux, cédé simplement à l’influence des doctrines économiques.
(La fin au prochain numéro).
Moniteur industriel du 18 mai 1845.
Mais je reviens à l’auteur des sophismes économiques. Après avoir dit que, grâce aux barrières de la douane, il y a sur nos marchés moins de blé, de viande, de drap, de toile, il pose cette question : Le peuple est-il mieux nourri sous l’empire de nos lois, parce qu’il y a moins de pain et de viande dans le pays ? Est-il mieux vêtu, parce qu’il y a moins de toile et de drap ? Voilà bien, ce me semble, le sophisme, si jamais argument a mérité cette qualification. Non sans doute, il n’est pas mieux nourri ni mieux vêtu, parce qu’il y a sur le marché moins de pain et de drap, mais, grâce aux barrières de la douane, il est nourri et vêtu d’une manière stable, et à un prix en rapport avec ce que chaque individu gagne par son travail. Enfin, l’auteur pose ce dilemme, qu’il adresse aux lois restrictives et à leurs défenseurs : Ou vous convenez, dit-il, que vous produisez la disette, et alors vous avouez que vous faites, par cela même, au peuple tout le mal que vous pouvez lui faire; ou vous n’en convenez pas, et alors vous niez avoir favorisé le producteur. Non, nous ne favorisons pas le producteur aux dépens du consommateur, parce que l’un et l’autre ne sont chez nous qu’une seule et même personne. Non, les lois restrictives ne produisent pas la disette pour le peuple ; elles lui assurent un pain quotidien, en donnant à celui qui est en mesure de le lui fournir toujours, et quelque événement qui arrive, un salaire raisonnable ; en assurant la libre vente de ses produits à ce producteur qui supporte toutes les charges de l’État, qui paie au serviteur ses gages, à l’ouvrier son salaire, au propriétaire le loyer de ses maisons, au rentier le loyer de son argent, au médecin ses visites, à l’avocat ses honoraires, à l’homme de lettre ses livres, au professeur ses leçons, au journaliste ses abonnemens, et qui ne pourra payer aucun de ces hommes, lesquels sont tous des producteurs comme lui, si vous l’empêchez de vendre ses denrées, en abandonnant le monopole de nos propres marchés aux étrangers, qui, ne supportant pas les mêmes charges que lui, produisent tout à plus bas prix, et doivent nécessairement l’exclure.
Si nous faisions partie d’un des vingt-deux cantons suisses, je raisonnerais autrement ; je dirais : d’une part, notre sol est trop peu étendu, ses produits sont trop peu variés, sa population est trop minime pour qu’il puisse satisfaire au plus grand nombre des besoins de ses habitans ; d’autre part, nous n’avons ni budget de la guerre, ni budget de la marine, ni budget de la Légion d’honneur, ni budget des cultes, ni budget de l’instruction publique, etc. ; nos concitoyens supportent par conséquent moins de charges que ceux qui habitent les autres contrées de l’Europe ; ils pourront donc toujours, quel que soit le genre d’industrie qu’ils adoptent, lutter à armes égales avec l’étranger. Par conséquent, laissons faire et laissons passer ; nous pouvons y gagner, et nous ne pouvons pas y perdre. Mais nous faisons partie d’une nation grande, puissante, respectée, employant les moyens dispendieux qui font respecter les nations, et supportant, par conséquent, de grandes charges ; nous ne pouvons donc pas raisonner comme un citoyen de Genève. Amenez tous nos voisins à avoir exactement les mêmes impôts et les mêmes bases de répartition que nous, et je n’aurai plus d’objection ; je dirai comme vous : renversez les barrières. Mais si vous ne pouvez pas amener nos voisins à s’imposer chez eux les charges que nous supportons nous-mêmes, imposez à leurs produits, lorsqu’ils se présentent à nos frontières, des charges équivalentes ; c’est le seul moyen que vous ayez d’établir l’égalité de conditions[2], et par conséquent de maintenir la libre concurrence.
Je pourrais considérer la seconde et la troisième partie de l’article que je combats comme de simples jeux d’esprit, des problèmes amusans, car l’auteur reconnaît qu’il s’agit du même sophisme considéré sous d’autres aspects ; cependant je vais essayer de le suivre, puisqu’il est bon, dit-il, d’étudier le sophisme sous toutes ses faces. Il fait dire à ses adversaires : le besoin c’est la richesse. Il faudrait dire : le besoin des uns, c’est la richesse des autres : le besoin de secours qu’éprouve le malade, c’est la richesse du médecin ; le besoin d’alimens qu’éprouve le médecin, c’est la richesse du cultivateur ; le besoin de vêtemens qu’éprouve le cultivateur, c’est la richesse du fabricant de draps. On embrasserait ainsi toutes les professions soumises aux mêmes lois et aux mêmes charges, ou autrement dit, tous les citoyens d’une même nation, et on prouverait qu’ils ont tous besoin les uns des autres, qu’on ne peut pas tarir la source de la fortune pour les uns sans la tarir en même temps pour les autres. On arriverait ainsi à formuler une pensée sage et vraie ; tandis qu’en disant simplement, comme l’auteur le fait dire à ses adversaires : le besoin c’est la richesse, l’obstacle au bien-être c’est le bien-être, on articulerait en effet un sophisme. L’auteur, poursuivant ce sophisme, c’est-à-dire ce fantôme créé par lui, fait dire à l’homme d’état : Puisque le besoin c’est la richesse, puisque l’obstacle au bien-être c’est le bien-être, développons et propageons les obstacles, nous développerons par là et nous propagerons la richesse. Si nous empêchons le fer de venir des lieux où il abonde, nous créerons un obstacle pour s’en procurer : excluons donc le fer étranger ; plus le minerai sera rare, inaccessible, difficile à transporter, plus il occupera de bras, plus nous aurons chez nous développé la richesse. Le même raisonnement, dit-il, conduit à proscrire les machines. En effet, voici venir une machine ingénieuse qui, pour faire des vaisseaux propres à recevoir le vin, abat elle-même le chêne, l’équarrit, le partage en une multitude de douves, les assemble et les transforme en tonneaux. L’homme d’état dira : Proscrivons la machine pour maintenir la fortune du tonnelier. Puis l’auteur répond à ce raisonnement prêté par lui à ses adversaires : Le travail n’est pas par lui-même un but, il est seulement un moyen. Certainement le travail n’est pas le but, certainement il n’est que le moyen ; mais il faut que ce moyen soit le même pour tous, sans cela il n’y a pas de justice, et la justice est le premier devoir de celui que vous appelez homme d’état. L’obstacle est injuste quand tous ceux qui tendent au même but ne le rencontrent pas : tâchez d’abord de l’aplanir pour tous, et si vous ne pouvez pas y parvenir, la justice veut que vous fassiez naître un autre obstacle de même puissance pour arrêter ceux qui, grâce au gouvernement de leur pays, ont pu éviter le premier. Aussi cet homme d’état ne raisonnera pas comme vous le faites raisonner ; il dira dans ce cas : Voilà une machine qui permet à un seul ouvrier de produire autant que dix, et qui, simplifiant ainsi un des deux élémens de la production, réduit à 5 franc le prix de ce qui a coûté jusqu’à ce jour 15 francs.
Si cette machine est dans les mains d’un producteur français, elle sera bientôt dans les mains des autres ; ainsi, à part le bénéfice légitime dû à l’invention ou à l’importation (qui est aussi un travail méritant salaire), les conditions ne tarderont pas à être égalisées ; je n’ai donc pas autre chose à faire qu’à en encourager la propagation ; car, en simplifiant le travail, elle laissera des bras libres pour faire autre chose, dans les mêmes conditions de production, c’est-à-dire avec les mêmes obstacles à vaincre ; et comme il y a aura toujours des denrées dont nous ne pourrons produire assez, telles que la viande, la laine, le fourrage, etc., elle augmentera la richesse du pays. Mais si la machine n’est pas en France, si elle se trouve seulement en Angleterre, par exemple, l’homme d’État dira : j’ai à faire de deux choses l’une : 1° employer tous les moyens pour en doter l’industrie de mon pays ; 2° si cela est impossible, s’il y a, comme cela s’est vu, prohibition à la sortie de cette machine, je dois frapper la denrée anglaise qui en est le produit d’un droit de douane de 10 francs, lequel représentera exactement la différence entre les prix de revient dans les deux pays, et cela, tant que nous n’aurons pas la machine.
Il ne faut pas cependant trop dédaigner cette maxime, que la richesse c’est le travail par lui-même et non pas seulement par ses résultats. L’Académie des sciences morales et politiques ne la repousserait pas, et cette maxime trouverait sans doute parmi ses membres de nombreux défenseurs au point de vue de la morale ; mais l’économie publique, et son nom même l’exprime, veut le plus grand résultat possible en produits, en denrées, en objets de consommation de toute espèce, obtenu avec la plus grande économie possible en effort, en temps et en matières premières ; donc, en économie publique, ou, comme on l’appelle plus généralement parce qu’elle touche de plus près au gouvernement des nations, en économie politique, la richesse se mesure en effet, non par l’intensité du travail, mais par ses résultats.
J’ai l’honneur, etc.,
Vicomte de Romanet
Membre du Conseil général de l’Agriculture.
[1]: Bastiat répond à cette accusation dans l’introduction au premier volume des Sophismes économiques. (Note de l'éditeur de Bastiat.org.)
[2]: Aussitôt après la première série de Sophismes, Bastiat publie Égaliser les conditions de production et Nos produits sont grevés de taxes pour répondre à cette objection.
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