Frédéric Bastiat
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Jacques Bonhomme n° 3, du 20 au 23 juin 1848.
Dissolvez les ateliers nationaux. Dissolvez-les avec tous les ménagements que l’humanité commande, mais dissolvez-les.
Si vous voulez que la confiance renaisse, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que l’industrie reprenne, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que les boutiques se vident et s’emplissent, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que les fabriques se rouvrent, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que la province se calme, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que la garde nationale se repose, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous voulez que le peuple vous bénisse, y compris cent mille travailleurs de ces ateliers sur cent trois mille, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous n’avez pas résolu que la stagnation des affaires, et puis celle du travail, et puis la misère, et puis l’inanition, et puis la guerre civile, et puis la désolation, deviennent le cortége de la République, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous n’avez pas résolu de ruiner les finances, d’écraser les provinces, d’exaspérer les paysans, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous ne voulez pas que la nation tout entière vous soupçonne de faire à dessein planer incessamment l’émeute sur l’Assemblée nationale, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous ne voulez pas affamer le peuple après l’avoir démoralisé, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous ne voulez pas être accusés d’avoir imaginé un moyen d’oppression, d’épouvante, de terreur et de ruine qui dépasse tout ce que les plus grands tyrans avaient inventé, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous n’avez pas l’arrière-pensée de détruire la République en la faisant haïr, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous ne voulez pas être maudits dans le présent, si vous ne voulez pas que votre mémoire soit exécrée de génération en génération, dissolvez les ateliers nationaux.
Si vous ne dissolvez pas les ateliers nationaux, vous attirerez sur la patrie tous les fléaux à la fois.
Si vous ne dissolvez pas les ateliers nationaux, que deviendront les ouvriers lorsque vous n’aurez plus de pain à leur donner et que l’industrie privée sera morte ?
Si vous conservez les ateliers nationaux dans des desseins sinistres, la postérité dira de vous : C’est sans doute par lâcheté qu’ils proclamaient la République, puisqu’ils l’ont tuée par trahison.
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