Lettre à Félix Coudroy

Frédéric Bastiat

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4 mai 1846.

Hier soir on a discuté et adopté un manifeste, la discussion a été sérieuse, intéressante, approfondie, et cela seul est un grand bien, car beaucoup de gens qui entreprennent d’éclairer les autres s’éclairent eux-mêmes. On a remis tous les pouvoirs exécutifs à une commission composée de MM. d’Harcourt, Say, Dunoyer, Renouard, Blanqui, Léon Faucher, Anisson-Duperron et moi. D’un autre côté, cette commission me transmettra, au moins de fait, l’autorité qu’elle a reçue et se bornera à un contrôle ; dans ces circonstances, puis-je abandonner un rôle qui peut tomber en d’autres mains, et compromettre la cause tout entière ? Je souffre de quitter Mugron et mes habitudes, et mon travail capricieux et nos causeries. C’est un déchirement affreux ; mais m’est-il permis de reculer ?

Adieu, mon cher Félix, ton ami.

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