Frédéric Bastiat
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Pensée tirée des manuscrits de l’auteur,
insérée dans les Œuvres complètes en note de bas de page.
Pour qu’un peuple soit heureux, il est indispensable que les individus qui le composent aient de la prévoyance, de la prudence, et de cette confiance les uns dans les autres qui naît de la sûreté.
Or, il ne peut guère acquérir ces choses que par l’expérience. Il devient prévoyant quand il a souffert pour n’avoir pas prévu ; prudent, quand sa témérité a été souvent punie, etc.
Il résulte de là que la liberté commence toujours par être accompagnée des maux qui suivent l’usage inconsidéré qu’on en fait.
À ce spectacle, des hommes se lèvent qui demandent que la liberté soit proscrite.
« Que l’État, disent-ils, soit prévoyant et prudent pour tout le monde. »
Sur quoi, je pose ces questions :
1° Cela est-il possible ? Peut-il sortir un État expérimenté d’une nation inexpérimentée ?
2° En tout cas, n’est pas étouffer l’expérience dans son germe ?
Si le pouvoir impose les actes individuels, comment l’individu s’instruira-t-il par les conséquences de ses actes ? Il sera donc en tutelle à perpétuité ?
Et l’État ayant tout ordonné sera responsable de tout.
Il y a là un foyer de révolutions, et de révolutions sans issue, puisqu’elles seront faites par un peuple auquel, en interdisant l’expérience, on a interdit le progrès.
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